Les modèles dits « classiques » correspondent à des modèles de bilan de masse stationnaires ou à dires d’experts. Le PFN français utilise le modèle stationnaire le plus largement utilisé en Europe et préconisé dans le cadre de la Convention sur la pollution atmosphérique transfrontalière à longue portée (CLRTAP) est le modèle SMB (Steady-State Mass Balance model ; Sverdrup and De Vries, 1994 ; Posch et al., 1995). Celui-ci utilise notamment les données de dépôts de soufre et d’azote, d’altération des minéraux et de stockage par la végétation. Dans ces modèles, une concentration ou un rapport de concentration critique sont utilisés pour établir le flux critiques lessivé par la solution de sol. Plusieurs travaux basés sur l’utilisation de ce modèle ont permis de calculer les valeurs des charges critiques d’acidité et d’eutrophisation sur les écosystèmes forestiers français (Party et al., 2001, Moncoulon et al., 2004, Probst et al., 2015), et d’évaluer à l’échelle du XXe siècle sur certaines stations forestières la période au cours de laquelle elles ont été dépassées et une résilience observée (Moncoulon et al., 2007) (voir ci-dessous).
Les charges critiques d’acidité
Les charges critiques d’acidité de soufre et d’azote peuvent être combinées pour représenter une charge critique générale d’acidité, variant selon les quantités de dépôts de soufre et d’azote reçus (Figure 1). La droite brisée noire représente donc la capacité maximale de l’écosystème à supporter cette charge d’acides. L’aire grisée sous la droite représente les couples de valeurs de dépôts de soufre et d’azote pour lesquels la capacité à neutraliser les acides est supérieure au dépôt critique limite, et donc sans dépassement de la charge critique. Les couples de dépôts de soufre et d’azote situés hors de l’aire grisée sont plus importants que la capacité de l’écosystème à neutraliser les acides, et sont donc à l’origine d’un dépassement de la charge critique impliquant des impacts négatifs pour l’écosystème.
Vous trouverez ci-dessous les cartes de charges critiques d’acidité (CLmax(S), CLmax(N) et CLmin(N)) produites par le Point Focal National (PFN) français pour l’appel à données du CCE 2015-2017 avec le modèle SMB (Figure 2). Ces cartes sont consultables dans la section « Cartographie ».
[su_spoiler title= »Un autre exemple de calcul de charges critiques d’acidité en France… » open= »no » style= »default » icon= »plus » anchor= » » class= » »]
L’exemple ci-dessous d’utilisation du modèle SMB (Figure 3) montre la charge critique d’acidité de sol de trois sites forestiers français (ligne bleue), calculée en fonction des éléments acidifiants que sont le soufre (S) et l’azote (N), ainsi que l’évolution des dépôts de ces polluants (courbe rose) de 1880 à 2010 (Moncoulon et al., 2007). On peut noter sur chaque site un pic des dépôts de soufre (en rose) dans les années 80 sur les trois sites, qui correspond au pic maximal d’émissions de polluants de la ligne rouge du graphique en bas à droite. Le premier site en haut à gauche, situé sur des grès vosgiens, présente des dépôts constamment au-dessus de la charge critique calculée. Il y a donc un excès de polluants acidifiant sur ce site, et ce depuis les années 1880. Malgré la diminution des dépôts de soufre actuelle, la charge critique était toujours dépassée en 2010 sur ce site. On peut voir sur le second site (en haut à droite) dans les Landes, que la charge critique a été dépassée de 1955 à 2000, mais elle ne l’est plus après les années 2000. Le troisième et dernier site (en bas à gauche) présente une charge critique très élevée, qui n’a jamais été dépassée par les dépôts acidifiants dans le Massif Central. Contrairement aux autres sites, ce site sur granite riche en minéraux altérables assurant un pouvoir tampon important, est très peu sensible à l’acidification.
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